olivier godechot

10 Avril 2014 | Christine Lagoutte, "Le sexe du chef joue sur le salaire de son équipe", Le Figaro

Le sexe du chef joue sur le salaire de son équipe

 

Selon une étude de l'Insee, les femmes chefs prônent davantage l'égalité salariale au sein de leurs équipes. Mais leurs capacités à décrocher des augmentations de salaires restent limitées.

Avoir une femme comme supérieur hiérarchique peut-il être un atout pour la feuille de salaire de l'équipe qu'elle dirige? Dans certains cas oui....mais. Selon une étude publiée ce jeudi dans la revue Economie et statistique de l'Insee, les supérieurs femmes ont tendance à promouvoir une plus grande égalité salariale dans leurs équipes, notamment entre les hommes et les femmes. «Sous l'encadrement d'une femme, les écarts hommes-femmes seraient réduits de 30 à 85%», souligne l'étude.

Cela signifie-t-il pour autant que les salaires sont plus hauts et les salariés plus souvent augmentés quand le chef est une femme? Pas vraiment puisque, si l'on en croit l'étude, «les salariés qui ont un supérieur femme touchent en moyenne 2,5 à 3% de moins que ceux qui ont un supérieur homme»!

Demandes modestes

Plusieurs raisons expliquent cette situation: les femmes accéderaient plus facilement à des postes de supérieures hiérarchiques dans des secteurs ou des métiers moins valorisés, où les salaires sont donc plus faibles. Par ailleurs, même devenues chefs, les femmes peuvent toujours subir des discriminations, y compris dans leurs capacités à négocier et à décrocher des augmentations pour leurs équipes. «Le supérieur doit plaider auprès de sa hiérarchie en faveur des augmentations ou des primes de ses subordonnés. Dans ce processus de compétition, les femmes peuvent obtenir moins pour leurs équipes, soit que leurs demandes sont plus modestes, soit qu'elles sont moins satisfaites par leur hiérarchie», explique Olivier Godechot, professeur à Sciences-Po et auteur de l'étude. Autrement dit, avoir pour chef une femme est souvent synonyme de salaires moins élevés pour les équipes, qu'avec un homme.

Les intéressées sont bien conscientes de leurs limites: elles ne sont que 35 à 42% à estimer «avoir de l'influence sur les augmentations de salaires, les primes ou la promotion des salariés qu'elles encadrent», contre 55% des hommes. On retrouve ici l'une des caractéristiques bien souvent mises en avant du management au féminin. Les femmes demandent souvent moins pour elles-mêmes, ne se mettent pas assez en avant et attendent trop souvent d'être récompensées par leur hiérarchie. Même au postes de supérieurs hiérarchiques, elle ne changent pas d'attitude, ce qui peut handicaper leur équipes. «La discrimination n'est pas un phénomène individuel au sens où les effets s'arrêteraient à l'individu qui la subit. Elle a toutes les chances d'exercer aussi ses effets sur les personnes qui dépendent de l'individu discriminé», conclut l'étude. En matière d'augmentation de salaires, la femme n'est donc pas encore l'avenir de l'homme.



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