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Godechot Olivier, 2013, Réseaux sociaux-intellectuels et recrutement dans le monde académique, Mémoire pour l'habilitation à diriger des recherches sous la direction de Christine Musselin, Sciences Po.
Texte sur demande
Résumé et plan
Mon mémoire est une combinaison de travaux déjà publiés et d’éléments nouveaux. Il réunit six articles dans des revues à comité de lecture publiés entre 2004 et 2011 (Revue française de sociologie, 2004 ; Socio-logos, 2008, Sociologie du travail, 2009 ; Sociologie, 2010 ; Revue de la régulation, 2011 ; Histoire et mesure, 2011), ainsi que deux articles publiés sur le site internet La vie des idées en 2008. Il comporte aussi un important chapitre, entièrement nouveau, ainsi qu’une introduction et une conclusion originales.
Dans ce mémoire, je réunis, non l’ensemble de ma production postérieure à ma thèse de doctorat – L'appropriation du profit. Politiques des bonus dans l'industrie financière soutenue au CNAM en 2004 sous la direction de Michel Lallement –, mais un ensemble cohérent de textes portant sur une thématique distincte de celle de la thèse : le monde académique, les réseaux qui le structurent et ses pratiques de recrutement. Ce mémoire analyse les deux faces de l’activité relationnelle au sein du monde académique, à la fois comme source d’inspiration et stimulant de l’inventivité intellectuelle et comme source de solidarités génératrices de biais d’évaluation en faveur des proches, en particulier lors des opérations de recrutement. Il étudie en détail, par plusieurs entrées, la formation des relations entre universitaires, leur structuration et les incidences des différents types de structure et de lien sur l’issue des concours de recrutement. Il se situe à la croisée de deux débats très actifs en sociologie, un premier en sociologie des réseaux, qui porte sur l’efficacité relative des différentes structures réticulaires, les liens forts et les liens faibles, les structures cohésives et les trous structuraux, un second en sociologie du monde académique portant sur l’efficacité et l’équité des procédures de recrutement et sur l’importance des écarts par rapport à la norme affichée d’universalisme et de désintérêt pour les relations personnelles. La question est abordée à partir de trois entrées, différentes dans le temps et l’espace, celle d’une discipline, la science politique des années 1990, celle d’une institution pluridisciplinaire sur longue période, l’EHESS de 1948 à 2005, et enfin, de manière plus indirecte, celle du territoire, la France de 1970 à 2000. Le mémoire innove par sa méthodologie, d’abord en prenant comme noyau relationnel la composition du jury de thèse, ensuite en essayant d’établir de manière précise et véritablement causale la nature de l’avantage dont bénéficient les proches lors d’un concours. Certains des textes réunis dans le mémoire ont déjà rencontré un écho certain. Notre évaluation du « localisme », publiée sur le site La vie des idées, la première estimation à notre connaissance de l’avantage systémique des candidats locaux sur les candidats extérieurs en France, a engendré un débat important et une controverse scientifique et poli-tique. Au-delà de son apport strictement scientifique, le mémoire comporte des enjeux sociaux de politique publique : il mesure l’importance de la partialité dans le monde scientifique et pose la question ouverte des modalités de s’en prémunir.
Table.................................................................................................................. 3 Prologue............................................................................................................ 7 Introduction.................................................................................................... 15 1. Un monde en réseau ................................................................................. 17 2. Diversité des circonstances et unité méthodologique............................... 25 3. De la soutenance au recrutement : apport des travaux réunis ................ 28 Première partie. Les réseaux de la science politique.................................... 35 Chapitre 1. Les deux formes du capital social................................................ 37 1. Les relations dans la vie académique ........................................................ 41 2. L’invitation aux jurys de thèse comme atome relationnel ........................ 42 3. Structure du réseau.................................................................................... 46 4. Le « capital social individuel »................................................................... 47 5. Le « capital social collectif » ...................................................................... 56 Conclusion...................................................................................................... 65 Annexes........................................................................................................... 67 Deuxième partie. Formation et dynamique des réseaux à l’EHESS ............. 71 Chapitre 2. La formation des relations académiques au sein de l’EHESS..... 73 1. Une institution de production de doctorats ............................................... 74 2. Les ressorts multiples de la formation des relations................................. 77 3. Proximités et variations des proximités pertinentes.................................. 91 4. Jeux disciplinaires et pouvoir sur l’institution comme principes d’évolution ..................................................................................................... 95 Annexe. Description de l’enquête sur l’EHESS............................................ 105 Chapitre 3. How Did the Neoclassical Paradigm Conquer a Multidisciplinary Research Institution? .................................................................................. 109 1. The dynamics of a scientific field.............................................................. 110 2. Switching paradigms .................................................................................112 3. How to change a paradigm? International capital and coalition building ... 127 Conclusion: Science as politics .....................................................................141 Troisième partie. Le recrutement à l’EHESS................................................ 143 Chapitre 4. Les paradoxes de la démocratie académique .......................... 145 1. Les concours de recrutement à l’EHESS : inflexions autour d’une tradition ....................................................................................................... 146 2. L’ordre d’influence ................................................................................... 162 3. Les déterminants du recrutement : vue d’ensemble................................ 172 4. Les relations aident-elles vraiment à trouver un emploi ? Les apports d’une approche expérimentale ..................................................................... 184 Conclusion. Vers une modélisation de la démocratie académique.............. 198 Chapitre 5. Un plafond à caissons ............................................................... 203 1. La chaotique et résistible progression des femmes à l’EHESS............... 205 2. Un concours discriminant ? .................................................................... 208 3. Un concours décourageant ...................................................................... 213 4. Deux générations de femmes élues, trois trajectoires ............................ 219 5. Micro-conjonctures et transformations des relations de genre............... 224 Quatrième partie. Du localisme en France ................................................. 227 Chapitre 6. Le localisme dans le monde académique................................. 229 1. La difficile mesure du localisme ............................................................... 231 2. DOCTHESE : une base de données pour mesurer le localisme.............. 234 3. Un localisme important ........................................................................... 239 Conclusion.................................................................................................... 247 Chapitre 7. Réponses aux critiques............................................................... 251 1. Le localisme universitaire : pour une régulation administrative. Réponses à Olivier Bouba-Olga, Michel Grossetti et Anne Lavigne (et à quelques autres)........................................................................................... 251 2. Le biais biaise-t-il vraiment (autant) ? Réponse à Philippe Cibois ........ 265 Chapitre 8. Comment les docteurs deviennent-ils directeurs de thèse ?..... 271 1. Quels sont les contacts qui marchent ?..................................................... 273 2. D’une base documentaire à la reconstitution des carrières .................... 276 3. Le temps d’attente pour devenir directeur de thèse................................. 279 4. Primat de la concurrence locale et importance des contacts disponibles ..284 5. Localisme, relations distantes et appuis disponibles .............................. 290 Conclusion.................................................................................................... 294 Annexes......................................................................................................... 296 Conclusion..................................................................................................... 311 1. Un champ en chantier .............................................................................. 314 2. Un enjeu de politique publique ............................................................... 316 Bibliographie................................................................................................ 321
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