olivier godechot

Lundi 3 Novembre 2008 | Le Parisien

Godechot Olivier, Lernould Sébastien, 2008, « "Il faut étaler les bonus sur plusieurs années" », Le Parisien/ Aujourd'hui Economie, n°du 3 Novembre.

    (Le titre qui m'est attribué est assez différent de mes propos... mais c'est la loi du genre ...)



Au regard de la crise, mais aussi de l'affaire Kerviel, des 751 millions d'euros partis en fumée à la Caisse d'Epargne, pensez-vous que la profession de trader sera remise en cause?

Il est trop tôt pour répondre à cette question. Jusqu'au mois d'Août, la crise touchait surtout certains secteurs (les taux) mais l'activité restait rentable dans d'autres (les produits dérivés actions). Dans cette conjoncture asymétrique, on ne sait pas encore si on assiste à des évolutions ou à une révolution. A court terme, il y aura des licenciements et une baisse des rémunérations. A moyen terme, les banques vont sans doute revoir leur système de rémunération, en tenant compte des performances sur la durée. On va vers l'idée de différer les bonus sur plusieurs années, en conditionnant leur versement à la pérennité des résultats, afin de limiter le turn-over et la prise de risque à court terme.


L'accroissement des produits dits «sophistiqués» sur les marchés financiers n'est-il pas la cause de tous les problèmes?

Non, mais c'est vrai qu'il est difficile de mesurer le risque de ces produits sophistiqués. Or les montants des bonus dépendent de l'évaluation de ces risques. Au sein des établissements bancaires, les acteurs font pression, afin de maximiser leur rémunération, pour minimiser l'évaluation de ces risques. L'un des enjeux dans les banques serait de mettre en place un système de mesure et de contrôle de l'activité moins sensible aux questions de partage de la masse salariale.


L'organisation du travail dans les salles de marchés doit-elle être repensée?

Les établissements se penchent déjà sur la question. Mais ils n'ont pas forcément encore conscience qu'une division du travail cloisonnée, comme c'est le cas, donne un grand pouvoir aux salariés travaillant dans les activités les plus rentables, donc les traders. Ce danger se manifeste notamment lorsque des équipes très soudées, indépendantes, démissionnent en bloc et partent avec leurs clients et leurs activité. Une politique de mobilité interne entre front-office et back-office, actions et taux, banque de marché et banque de réseau pourrait limiter la concentration du pouvoir dans les mains de quelques uns.



Peut-on espérer que toutes les leçons seront tirées de cette crise et des différents dérapages?

Je me méfie un peu des grandes déclarations de régulation. L'organisation des activités financières et la gestion de leurs ressources humaines ne se décrète pas par la seule hiérarchie des banques ou même par le gouvernement. C'est une affaire de compromis. Certains principes évoqués ne seront que partiellement appliqués ou seront enfreints dès la prochaine reprise. Le danger est de croire à une transformation radicale.


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