1er Octobre 2007 :

Les bonus de la finance vus par un sociologue
[ 01/10/07 ] - Voir les commentaires publiés (1)

Le thème. Plutôt que d’étudier les travailleurs pauvres, les « working poors », Olivier Godechot se focalise sur les salariés des banques d’affaires et des salles de marché : les « working rich » dont les bonus atteignent des millions. Dans ces rémunérations qui « défient la mesure », l’auteur n’y voit pas la contrepartie des performances de ces salariés très particuliers. Sinon, comment expliquer l’écart observé entre ces rémunérations et celles pratiquées ailleurs, à commencer par les autres services des établissements bancaires ? Ces salariés de la finance apparaissent en position de force dans leurs négociations salariales car, selon ce sociologue, ils sont en mesure de s’approprier une partie des actifs de l’entreprise : les clients. Ainsi, les banques préfèrent en règle générale ne pas courir le risque de voir ces « working rich » partir avec « leurs » clients. L’auteur se plaît à souligner que la prise de pouvoir de cette fraction très restreinte des salariés est apparue simultanément à la montée en puissance du principe de création de valeur pour les actionnaires.

L’auteur. Sociologue, Olivier Godechot est passé par la Rue d’Ulm et l’Ensae. Chargé de recherche au CNRS, il enseigne notamment à l’ENS et à l’Ehess. Il a publié en 2001 un essai, « Les Traders », dans lequel il explorait déjà le fonctionnement de l’industrie financière.

L’extrait. « D’un côté, les salariés de l’industrie financière ont dans l’ensemble instauré une remarquable défense de leurs intérêts. De l’autre, cette défense s’est organisée au prix d’une explosion des inégalités salariales, de la fragmentation du salariat (...). L’industrie financière n’apporte pas de solution. Elle pose les problèmes politiques de notre temps. »