olivier godechot

- 2 juin 2007 : CORI Nicolas, « Quand les financiers font recette », Libération

Suite aux déchainements des commentaires suscités par mon interview dans Libération, voici une mise au point de Nicolas Cori.
Zoom. Mise au net
Quand les financiers font recette
Par Nicolas CORI
QUOTIDIEN : samedi 2 juin 2007
Les sociologues le savent bien. Quand on ne prend pas pour argent comptant les justifications des personnes sur lesquelles on a enquêté, on risque de se retrouver soi-même mis en accusation, parfois avec mauvaise foi. De nombreux traders ont ainsi mal réagi aux propos d'Olivier Godechot, parus lundi dans nos pages, qui qualifiait de «hold-up» les salaires mirobolants de la finance. «Je suis atterré par le niveau de renseignement du chercheur» , s'indigne un courtier, travaillant dans les produits dérivés sur actions à Londres. Ce dernier dit ne pas avoir supporté qu'on dise que tous les traders touchaient 1 million de dollars, alors que Godechot avait en fait parlé de cette somme comme d'un «horizon magique» . «Monique, mariée, mère de trois enfants et tradeuse» laisse entendre, elle, que le chercheur l'a présentée comme «un agent du diable» . «Je souffre que mon métier soit à ce point mal compris et tant décrié» , se plaint-elle. En fait, Godechot ne cache pas son admiration vis-à-vis des salariés de la finance qui ont réussi à «capter une partie de la création de valeur» de leur entreprise.
Cet argument a d'ailleurs poussé les lecteurs à définir ce qu'est, selon eux, une «juste rémunération» . Et le débat a déchaîné les passions. D'un côté, on trouve des partisans du marché qui répètent, comme le Pangloss de Candide, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. «Le prix auquel les banques doivent payer les traders est tout simplement le prix du marché. Il n'y a pas de question à se poser sur le niveau en question. Si la finance internationale est prête à payer ce prix-là, c'est que tout le monde s'y retrouve» , explique un lecteur. De l'autre, il y a les critiques qui recourent à des arguments «moraux». «Les traders ne sont pas plus diplômés qu'un docteur en biologie qui rame avec son post-doc , développe un autre lecteur. Ils ne travaillent pas plus que le patron d'une PME qui gagne 5 à 10 fois le Smic, ils ne prennent pas plus de risques ­ et même beaucoup moins ­ qu'un petit commerçant qui a mis tout son capital dans son affaire.»
A la fin des fins, chacun se retrouve à justifier sa propre place dans la société, en tant que salarié. C'est plus facile pour les fonctionnaires qui, par définition, remplissent un service public. «Ce n'est pas ma philosophie d'essayer le maximiser le fric que je gagne. Je préfère faire des choses en lesquelles je crois», indique Fred, chercheur au CNRS. Mais même les traders recourent à l'argument de l'intérêt général. «Je participe à l'efficience des marchés et c'est une bonne chose», répond ainsi Monique, la tradeuse.

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