olivier godechot

15 Octobre 2007

Le figaro, « Un sujet toujours tabou dans la banque »
A.-S. C.

Un sujet toujours tabou dans la banque
A.-S. C.
15/10/2007 | Mise à jour : 13:33 |
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Interrogé par l'Ifop, 86 % des salariés se déclarent favorables à la transparence quant à leur propre salaire au sein de leur entreprise. Si les commerciaux n'hésitent pas à afficher leurs gains, fussent-ils supérieurs à ceux de leur n + 1, le phénomène reste tout de même extrêmement tabou dans la banque. Une cadre de la Société générale confirme : « Dans la salle des marchés, on sait par oui dire qui gagne plus que son boss, ou, surtout, plus que Daniel Bouton. Il s'agit en général des heureux traders, sur les marchés dérivés actions (pour BNP Arbitrage et SGCIB Deai ou Calyon) mais je n'ai pas leurs noms en tête. » Plus de 11 millions par anFaute de noms, on garde des records de bonus en tête, assure un ancien de l'ENSAE passé par une grande banque. Lui, doublait simplement son salaire en bonus, pour atteindre 46 000 euros bruts. Mais il se souvient qu'un jour à Londres - où les salaires sont encore plus élevés qu'à Paris en salles de marché -, « dans une banque, les actionnaires s'étaient révoltés contre la direction après avoir appris qu'un trader star avait empoché plus de 30 millions d'euros. Ils ne supportaient pas de voir ainsi des bénéfices enlevés aux actionnaires. » Si les traders les plus riches restent, de fait, difficiles à identifier, surtout quand ils arrivent, tout jeunes, à des bonus de plus de 180 000 euros, ou même, pour les meilleurs de Paris, à 1 ou 2 millions d'euros en rémunération annuelle, les plus gros salaires de la banque finissent toutefois par s'humaniser d'un visage au fur et à mesure qu'ils montent dans la hiérarchie. En gagnant une importance statutaire, portés par la croissance des marchés financiers, les jeunes loups de la finance des années 80 ne peuvent plus se cacher, relève Olivier Godechot, chercheur du Centre d'études de l'emploi, diplômé de l'École normale supérieure et de l'Ensae. À la Société générale, la BNP ou LCL, en 25 ans, « le montant des dix plus grosses rémunérations a été multiplié par 25, pour atteindre 6 millions d'euros en moyenne au début des années 2000 », résume-t-il. Des noms reviennent régulièrement, dont on peut penser qu'ils gagnent pas loin, si ce n'est plus que leur patron. Christophe Mianné, centralien de 43 ans, qui pilote les dérivés actions à la Société générale. Jean-Pierre Mustier, X-Mines, devenu directeur général adjoint en charge de la banque de financement et d'investissement de la même banque. Membre du comité exécutif, il aura perçu au titre de 2005 une rémunération globale de 11,28 millions d'euros, dont 2,11 millions de fixe, soit bien plus que Daniel Bouton, qui, au titre de 2005, a perçu 3,3 millions d'euros, dont 2,3 de variable. Marc Litzler, directeur général délégué Calyon France (groupe Société générale), aura, lui touché un fixe de 600 000 euros, mais aussi et surtout un bonus garanti de 3,4 millions d'euros, ce qui le place également au-dessus du grand chef. À un détail près : on n'inclut pas les stock-options, outil de rémunération à plus long terme actuellement controversé, souvent réservé au PDG, voire à quelques très hauts dirigeants. On parle de bonus sonnants et trébuchants, de cash, si bien qu'à y regarder de plus près, il arrive que le PDG soit tout de même gagnant, sur une plus longue durée. Qu'il performe ou pas, puisque, en France, l'attribution des stock-options ne dépend pas de critères de performance. Même les actions gratuites, distribuées à certains cadres, le sont plutôt sur des critères de présence, contrairement à leurs vieilles cousines anglaises, les « performances shares », au nom explicite.

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