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29 juin 2007 : Pascal Pradon, « Extravagances de la finance », L'humanité.Tribune libre - Article paru
le 29 juin 2007 idées - Extravagances de la finance Working rich. Salaires, bonus et appropriation du profit dans l'industrie financière, par Olivier Godechot. Éditions La Découverte, 2007, 306 pages, 25 euros. Il fut un temps où les classes aisées pouvaient aisément se ranger du côté des rentiers. Mais quelque chose a profondément changé dans la structure de ces classes : l'irruption des « working rich », nouvelle catégorie de travailleurs salariés qui tirent leur richesse de leur activité professionnelle. Si l'auteur, sociologue et chercheur au CNRS, nous invite à explorer ce monde mystérieux de la finance, c'est qu'il le considère à juste titre comme un parfait laboratoire pour disséquer l'irruption des hauts salaires et des travailleurs riches. Son ambition est de dévoiler au public (parfois choqué par l'énormité des sommes en jeu) les mécanismes de formation des salaires (fixe et bonus) qui fonctionnent dans d'autres milieux. De même, cela permet de comprendre comment, au sein de nos sociétés post-fordistes, « le rapport capital-travail perd de sa centralité en raison de la fragmentation du salariat et de la montée en puissance des classes dites créatives, les strates supérieures ». Si ces salariés ont réussi à inverser le rapport de forces, c'est que l'entreprise qui le supporte y trouve son intérêt. Comme le dit un dirigeant, le caractère fortement incitatif des rémunérations doit pousser le salarié à fournir un effort optimal pour un coût minimal. Au final, ces bonus sont donc largement compensés par la démultiplication des profits. Quitte à décerner à l'opérateur un quasi-droit de propriété sur les actifs qu'il gère. C'est là un des points les plus intéressants de l'enquête, car l'auteur a découvert certaines situations où le salarié est en position de pratiquer un véritable « hold-up ». Ainsi, deux responsables d'une grande banque, persuadés de ne pas toucher les bonus auxquels ils prétendaient, ont menacé de démissionner en emmenant avec eux leur équipe si cette dernière ne s'alignait pas sur les conditions proposées par un concurrent. Choisissant le moment propice, au beau milieu d'une opération très importante pour l'avenir de la banque et menaçant de partir avec les actifs les plus rentables, ils ont obtenu dix millions pour l'un et sept pour l'autre ! De par une connaissance solide de ce monde complexe de la finance, Olivier Godechot nous permet d'aller au-delà de l'indignation provoquée par ces salaires extravagants. Son étude, pédagogique et convaincante, fait rentrer le lecteur de plain-pied dans ce monde si opaque, fer de lance de la mondialisation et responsable à ce titre des nombreuses fermetures d'usines effectuées au nom de la valorisation maximale des actifs, prônant à l'envi une modération salariale qu'elle est bien en peine de s'appliquer à elle-même. Pascal Pradon |
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