Stratification et Mobilité Sociale

DEUG1, année 2000-2001, premier groupe

Olivier Godechot

Session de rattrapage, septembre 2001

 

 

I. Question de cours (5 points)

En quoi consiste la sanskritisation dans le système des castes, et à quoi sert-elle?

La sanskritisation est le processus par lequel une caste abandonne ses coutumes, son rituel, son idéologie et son mode de vie pour adopter les pratiques d’une haute caste. Ce phénomène se traduit généralement par l’adoption des pratiques brahmaniques : interdiction du remariage des veuves, adoption du végétarisme, interdiction de l’alcool, puritanisme, rituels de purifications plus réguliers, port du cordon sacré, fermeture du groupe aux mariages de leurs filles avec des castes inférieures, etc..

Une caste entrant dans un processus de sanskritisation apparaît plus pure qu’elle ne l’était avant. Elle modifie ainsi sa place dans la hiérarchie rituelle de la pureté et, par conséquent dans la hiérarchie sociale des castes.

La sanskritisation est un processus de mobilité sociale collective.

 

II. Exercice (5 points)

Pour les cinq professions suivantes, veuillez préciser pour chacune l’intitulé et le code de la CS à deux chiffres et l’intitulé et le code de la CS à un chiffre.

- pompier

53. Policiers et militaires.

5. Employés.

- professeur (certifié)

34. Professeurs, professions scientifiques.

3. Cadres et professions intellectuelles supérieures

- journaliste

35. Professions de l’information, de l’art et des spectacles.

3. Cadres et professions intellectuelles supérieures

- notaire

31. Professions libérales

3. Cadres et professions intellectuelles supérieures

- grutier

65. Ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport.

6. Ouvriers

III. Dissertation (10 points)

Peut-on parler de la fin des classes sociales aujourd’hui ?

I. Facteurs qui ont donné à la représentation de la société en classes sociales une certaine réalité.

a) Des inégalités économiques importantes : degré de richesse, statut (salarié, patrons). Réf. Marx.

b) Des inégalités culturelles importantes et des modes de vie différents. Ex : le bourgeois. Réf : Goblot, La barrière et le niveau.

c) Des représentations politiques de la société fondées sur une division en classe sociale. Partis, syndicats… Ex : Comment les cadres émergent comme mouvement social pour se trouver une place entre la bourgeoisie et les ouvriers. Réf : Boltanski, Les cadres.

II. Permanence des inégalités et des groupes sociaux.

a) Permanence des distances sociales et des stratégies de distinction : malgré des modes de vie qui semblent se rapprocher (moyennisation), permanence des stratégies pour établir la distance. Réf : Bourdieu, La distinction.

b) Permanence des inégalités. L’immobilité sociale, un phénomène très stable. Réf : Goux et Maurin, La mobilité sociale. La stabilité de la hiérarchie des salaires. Réf : Piketty, Les hauts revenus en France.

c) Permanence de certains groupes sociaux assez fermés. Ex : La grande bourgeoisie et ses formes de socialisation. Réf : Pinçon et Pinçon-Charlot, Dans les beaux quartiers.

III. Affaiblissement de la cohérence de certains groupes sociaux et affaissement de la classe sociale comme mode d’action et de représentation politique

a) Mutations économiques et sociales et crises de certains groupes : les ouvriers, les paysans. Ex : Le conflit de génération au sein de la classe ouvrière. Référence : Beaud et Pialoux, Retour sur la condition ouvrière.

b) Le modèle des classes sociales n’est plus utilisé comme outil politique de critique des inégalités sociales. Désyndicalisation, effondrement du PCF, déstabilisation des conventions collectives. Réf : Boltanski, Le nouvel esprit du capitalisme.

c) Emergence de représentation politique alternative avec une gigantesque classe moyenne et des exclus. La division salarié-chomeur, intégré-exclu est de plus la représentation de référence. Réf : Dubet, La galère. Paugam, La disqualification sociale, etc.

Conclusion : Les positions de classe demeurent. La conscience de classe s’effondre.